André VERDET
André Verdet, né à Nice, le 4 août 1913, passe une enfance heureuse à Saint-Paul-de-Vence où il est élevé par son oncle et sa tante, avant de rejoindre son père dans le Nord en 1923 pour débuter, à contre cœur, son apprentissage dans la restauration. À dix-neuf ans, il s’engage dans l’infanterie et part pour la Chine. À Shangaï, il est témoin de l’exploitation de l’homme par l’homme et forge ainsi sa conscience politique et son éternelle révolte.
Réformé à cause de son état de santé, il retourne à Saint-Paul en 1936, passe sa convalescence à Briançon où il fait la connaissance de Jean Giono qui lui prodigue de précieux conseils pour guider ses premiers pas en littérature. Il publie son premier livre Histoire Originale de Saint-Paul, illustré par Jean Cassarini, en 1938. En 1941, il rencontre Jacques Prévert qui devient un ami et avec qui il publie ses poèmes dans Souvenirs du Présent, C’est à Saint-Paul-de-Vence et le recueil Histoires.
L’année 1941 marque son engagement actif dans la Résistance au mouvement Combat puis dans le réseau Action Immédiate sous les pseudonymes Clairval et commandant Duroc, à la tête du réseau auquel appartient également son ami le poète Robert Desnos. Verdet est arrêté par la Gestapo en 1944, en même temps que ce dernier. Verdet est déporté à Auschwitz où il « reçoit » le numéro tatoué 186524, puis à Buchenwald. Le camp est libéré le 11 avril 1945. André Verdet s’attache alors, avec Yves P. Boulongne, à publier Anthologie des poèmes de Buchenwald (parue en 1945 aux éditions Robert Laffont, rééditée par l’Association Française Buchenwald-Dora et Kommandos en 1995) qui rassemble les écrits de leurs camarades détenus et les leurs.
Dans son premier roman La nuit n'est pas la nuit (Pré aux Clercs, 1948. Rééd. Melis, 2000), André Verdet témoigne à la fois de l’horreur des camps et de l’espérance. D’autres poèmes écrits durant sa captivité paraîtront sous le titre Les jours les nuits et puis l’aurore. Dans les années qui suivent, il rencontre nombre de futurs amis comme Pablo Picasso, Françoise Gilot, Fernand Léger, Georges Braque, Marc Chagall, Ladislas Kijno, Henri Matisse ou Jean Cocteau. Il devient le poète de l’amour et de la Haute-Provence (sentiment du cosmique).
Dès 1957, il expose régulièrement en France et en Italie. La période des Sortilèges de Provence, qu’il réalise suite aux encouragements de Picasso, va de cette année jusqu’en 1960 et la série des Idoles, inspirées des rochers de son pays (sortes de divinité solaires et nocturnes), de 1960 à 1964. En 1961, encore sous l’influence de Picasso, il réalise ses premières céramiques à Vallauris, chez Madoura. Il y produit notamment des sculptures en forme de rocs qu’il baptise Pierres de feu. L’année 1962 voit la naissance de la série des Ciments, puis celle des Visages sacrifiés, marqués par le passage dans les camps nazis et qui préfigurent les Masques (1980).
Il publie en 1963 La Vallée des Merveilles, qui influence son œuvre peinte. À partir de cette date jusqu’en 1966, il crée la série des Vitrifications qui l’amène à sillonner l’espace mentalement et annonce les Cosmogonies (formes stellaires et poésie du ciel) de 1973. L’artiste Nadine Vivier est alors sa compagne depuis quelques années et lui inspire nombre de poèmes d’amour. Il publie en 1975 les poèmes de Le ciel et son fantôme. André Verdet fait la connaissance en 1982 de Françoise Armengaud, écrivain et philosophe, qui réunit les textes de trente-trois contributeurs pour rendre hommage au poète dans Pierres de vie, en 1986. Avec Béatrice Bonhomme, Françoise Armengaud organise en 2001 un colloque international à l’Université de Nice intitulé : André Verdet, le pur espace poésie.
Aux éditions Galilée, Verdet publie de grands poèmes cosmologiques comme Le ciel et son fantôme (1975), L’Obscur et l’ouvert (1984), Détours (1991) ou Seul l’espace s’éternise (1994) Deux expositions importantes retracent l’œuvre d’André Verdet, la première en 1992, au Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de la ville de Nice, André Verdet Pluriel. La seconde en 1999, au Centre international d’art contemporain de Carros, André Verdet Univers.
André Verdet s’éteint le 19 décembre 2004, à l’âge de 91 ans. En 2013 parait Au-delà du seul à seul, textes inédits de Verdet réunis par Françoise Armengaud et Luciano Melis. En hommage au poète-résistant, pour le vingtième anniversaire de sa disparition, voici trois poèmes écrits dans la prison de Fresnes et dans les camps d’Auschwitz et de Buchenwald, extraits de Les jours les nuits et puis l’aurore, publié en 1949 par la Fédération Nationale des Déportés Résistants Internés et Patriotes.
Christophe DAUPHIN
(Revue Les Hommes sans Epaules).
Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules
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Dossier : Daniel VAROUJAN & le poème de l'Arménie n° 58 |